Les 5 grandes leçons de la pandémie de la COVID-19 en 2020

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Homeworker in Tiruppur, India
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Cette année a été unique en son genre. Alors que la pandémie a affecté de vastes régions de la planète, les appels à rester chez soi ont mis en évidence les inégalités dans notre société. La crise a un effet dévastateur sur les deux milliards de travailleuse·eur·s de l’informel dans le monde. Tirés du travail de WIEGO avec les travailleuse·eur·s de l’informel tout au long de la pandémie, nous partageons ici les précieux enseignements que nous avons recueillis l’année dernière, de sorte qu’ils puissent éclairer la manière dont les travailleuse·eur·s seront soutenu·e·s dans l’année à venir.

Protection sociale

Les travailleuse·eur·s de l’informel font partie du « milieu délaissé », qui n’est souvent pas couvert par les programmes de protection que les gouvernements ont lancés pendant la crise. Étant donné que la plupart de ces travailleuse·eur·s dépendent de leurs revenus quotidiens pour survivre, cela a représenté un défi de taille pour elles·eux et leurs familles.

Une analyse des réponses des gouvernements dans 63 pays a dégagé deux enseignements clés : la nécessité d’une approche suffisamment souple pour reconnaître les multiples besoins et aspects de la vie des travailleuse·eur·s de l’informel ; et l’importance de disposer de systèmes, d’institutions et d’espaces de dialogue social capables de soutenir leurs bénéficiaires même en cas de chocs imprévus.

LISEZ : Atteindre le « milieu délaissé » : Protection sociale pour les travailleuse·eur·s de l’informel en temps de COVID-19

Ne pas nuire aux travailleuse·eur·s :

Plusieurs gouvernements ont justifié la violence contre les travailleuse·eur·s de l’informel pendant la pandémie comme étant nécessaire pour faire respecter les mesures de santé publique et pour prévenir la propagation du virus. Ces arguments s’inscrivent dans une longue histoire d’utilisation de la santé publique et de l’assainissement comme prétexte pour le déplacement et la répression des personnes démunies. 

C’est tout le contraire : avec un soutien et des protections appropriés, les travailleuse·eur·s de l’informel ont un énorme potentiel pour promouvoir la santé publique et la reprise économique pendant la crise de la COVID-19 et au-delà. La vente des aliments et le recyclage sont des services essentiels qui pourraient être améliorés en les intégrant dans les systèmes alimentaires et de gestion des déchets existants à des conditions favorables. La crise offre une opportunité pour réimaginer les systèmes d’alimentation et de gestion des déchets et les rendre plus équitables.

LISEZ : Ne pas nuire aux travailleuse·eur·s : pourquoi le harcèlement des travailleuse·eur·s de l’informel nuit à la santé publique et à la reprise économique

Sécurité alimentaire

Dans les pays du Sud, les mesures d’isolement social obligatoire prises en raison de la pandémie ont rendu l’accès à la nourriture un défi pour un grand nombre de personnes. Alors que les travailleuse·eur·s des épiceries ont été considéré·e·s comme des travailleuse·eur·s essentiel·le·s dans de nombreux lieux, les communautés les plus démunies et les plus vulnérables comptent souvent sur des systèmes alimentaires informels. 

Alors que certains pays ont déclaré les commerçant·e·s de denrées alimentaires de l’informel comme des fournisseuse·eur·s de services essentiels, les gouvernements ne sont souvent pas allés assez loin pour débloquer l’ensemble du système alimentaire informel.

Pourtant, si les lignes directrices en matière de sécurité sont respectées, les vendeuse·eur·s de l’informel peuvent travailler en aussi bonne sécurité que les supermarchés. Il y a un besoin urgent de débloquer le système alimentaire informel, de mettre fin au harcèlement policier et de donner accès aux travailleuse·eur·s à des équipements de protection et à l’eau.

LISEZ : La sécurité alimentaire et les vendeuse·eur·s de rue pendant la crise de la COVID-19      

La responsabilité des marques vis-à-vis les travailleuse·eur·s de l’industrie du vêtement

Depuis le début de la pandémie, les marques ont annulé des commandes, ce qui a eu des conséquences dévastatrices pour les travailleuse·eur·s en bas de la chaîne d’approvisionnement des vêtements, qui sont vulnérables et facilement oublié·e·s. Les travailleuses à domicile sous-traitantes –des femmes qui cousent à domicile pour certaines des plus grandes marques, souvent pour quelques centimes– ont été laissées sans salaire et ont été privées de paiements pour des travaux déjà effectués. Comme les marques n’assument pas leur responsabilité, elles sont laissées à elles-mêmes.

Les PDG de ces marques doivent faire preuve de solidarité avec l’usine et les travailleuse·eur·s à domicile dans leurs chaînes d’approvisionnement pendant cette crise. De telles actions pourraient bien faire la différence entre la vie et la mort pour les travailleuse·eur·s à domicile et les travailleuse·eur·s d’usine dans leurs chaînes d’approvisionnement aujourd’hui, et contribuer à améliorer la visibilité des travailleuse·eur·s à domicile à l’avenir.

LISEZ : Les travailleuse·eur·s les plus vulnérables de l’industrie du vêtement ne sont pas dans les usines : Les marques mondiales doivent les protéger

Soutenir des moyens de subsistance alternatifs

En pleine pandémie de COVID-19, alors que les travailleuse·eur·s de l’informel du monde entier luttent pour gagner leur vie, le gouvernement ghanéen a commencé à démanteler le site d’enfouissement de Kpone à Accra, déplaçant les plus de 300 travailleuse·eur·s qui y récupèrent des matériaux. Il semble que le gouvernement a profité de la distraction générée par la COVID-19 pour avancer sur la fermeture du site d’enfouissement, sans respecter ses engagements pour garantir des moyens de subsistance alternatifs viables ou une compensation pour les travailleuse·eur·s déplacé·e·s. 

Au lieu de donner la priorité au déplacement de certains des travailleuse·eur·s les plus délaissé·e·s du pays en pleine pandémie, le gouvernement devrait trouver des moyens pour aider les récupératrice·eur·s de matériaux de Kpone à s’organiser et à mettre en place des systèmes de gestion des déchets inclusifs. Les récupératrice·eur·s de matériaux de l’informel devraient être reconnu·e·s, respecté·e·s et soutenu·e·s par les communautés, les organisations étatiques et non étatiques, ce qui réduira leur stigmatisation et mettra en lumière leurs contributions environnementales, économiques et sociales à la société, notamment pendant la pandémie.

LISEZ : Le gouvernement ghanéen laisse les récupératrice·eur·s de matériaux se débrouiller seul·e·s face à la pandémie de la COVID-19

Crédit photo : Travailleuse à domicile à Tiruppur, Inde, pendant la pandémie de la COVID-19. Crédit : WIEGO

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