Dans cette interview, Leonor Larraburu, de l’Unión de Trabajadores y Trabajadoras de la Economía Popular (UTEP) en Argentine, nous parle des réussites les plus importantes pour le secteur de la récupération des matériaux depuis la création du Movimiento de Trabajadores Excluidos, une organisation précédant l’UTEP.


Il y a vingt-cinq ans, alors que j’avais à peine 15 ans, j’ai commencé à recycler. C’est quelque chose que mon père nous a inculqué dès l’enfance ; mes parents étaient récupératrice·eur·s de matériaux et c’était leur façon de subvenir à nos besoins quotidiens.

Notre mouvement, le Movimiento de Trabajadores Excluidos (Mouvement des travailleuse·eur·s exclu·e·s ou MTE), a déjà 20 ans. Les droits, le respect et la reconnaissance des collègues du secteur de la récupération de matériaux ont été les premières et principales réalisations. Le mouvement nous a donné l’identité que nous méritions, le respect que nous méritions et que nous méritons encore, parce qu’il y a encore beaucoup de collègues qui sont exclu·e·s. En 2011, la Confédération des travailleuse·eur·s de l’économie populaire (CTEP) a été créée. Actuellement, l’Unión de Trabajadores y Trabajadoras de la Economía Popular (UTEP), fondée en 2019, est notre syndicat en Argentine. Nous avons le droit d’élever la voix et de nous faire entendre. Nous avons un syndicat qui se bat pour nos droits du travail.

« Notre mouvement (MTE) [...] nous a donné l’identité que nous méritions, le respect que nous méritions et que nous méritons encore... »

Les différentes organisations nous ont donné de la reconnaissance et de l’amour pour tou·te·s nos compañeros et compañeras, elles nous ont appris à connaître réellement nos droits. La fraternité qui existe aujourd’hui, la camaraderie qui existe aujourd’hui, est une réussite.

WIEGO a joué un rôle essentiel pour nous. En 2014, il nous a donné l’occasion de participer à la réunion de l’Organisation internationale du Travail. Aujourd’hui, nous pouvons parler à des récupératrice·eur·s de matériaux du monde entier, et le travail que nous avons accompli a été unifié.

« Les droits que nous avons en tant que femmes aujourd’hui, personne ne peut nous les enlever ».

WIEGO nous accompagne en nous montrant que nous ne sommes pas seul·e·s et que nous sommes beaucoup de frères et de sœurs ayant le même objectif : le combat des récupératrice·eur·s de matériaux du monde entier.

WIEGO accompagne notre travail au quotidien, pour que nous soyons en contact et en relation chaque jour avec tous les problèmes qui existent, avec chaque récupératrice·eur, dans le monde entier. Grâce à l’aide de WIEGO, une alliance mondiale est en train de se consolider et constituera un syndicat unique qui nous unira toutes et tous.

« Notre plus grand défi est qu’aucun·e sœur ou frère récupératrice·eur ne reste en dehors du système ».

Je tiens à souligner le mérite des femmes récupératrices de matériaux qui aujourd’hui travaillent et jouent un rôle fondamental ; nous sommes capables d’organiser, de gérer et de diriger un système qui, pendant de nombreuses années, a été irréalisable. Aujourd’hui, les femmes occupent tous les emplois qui étaient auparavant occupés par des hommes. Aujourd’hui, les travailleuses sont formées à ces emplois et à bien d’autres encore. Je veux dire à ces compañeras qui n’ont pas encore trouvé le courage, de trouver ce courage, que les droits que nous avons en tant que femmes aujourd’hui, personne ne peut nous les enlever.

Qu’est-ce que je souhaite pour les prochaines années ? Qu’il n’y ait pas un·e seul·e récupératrice·eur de matériaux oublié·e, que les récupératrice·eur·s du monde entier soient reconnu·e·s. Notre plus grand défi est qu’aucun·e sœur ou frère récupératrice·eur ne reste en dehors du système.