Tous les trois ans, l’Observatoire mondial sur la démocratie locale et la décentralisation (GOLD, de son acronyme anglais), de l’organisation Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), présente sa publication phare : le Rapport GOLD. La sixième édition porte sur l’inégalité, un sujet particulièrement pertinent à la lumière des effets profonds et persistants de la COVID-19.
La CGLU est consciente de la nécessité d’un « changement significatif » dans les stratégies des gouvernements locaux et régionaux pour s’attaquer aux inégalités urbaines et territoriales. Le rapport sera lancé lors du Congrès mondial de la CGLU à Daejeon, en Corée du Sud, au mois d’octobre 2022. Il a été demandé à WIEGO d’apporter son expertise sur l’économie informelle urbaine, en mettant l’accent sur un programme d’action à destination d’autorités locales, et la CGLU a récemment publié nos contributions basées sur des cas concrets.
Comment les gouvernements locaux peuvent améliorer les moyens de subsistance urbains
La formalisation de l’économie informelle est une préoccupation constante lors des débats et des prescriptions politiques. Or, celles-ci sont trop souvent axées quasi exclusivement sur la régulation et la taxation des entreprises informelles, tout en négligeant l’accroissement de la productivité et des revenus de ces mêmes entreprises. Dans leur chapitre, s’occupant des problèmes spécifiques, Martha Chen et Caroline Skinner fournissent un programme d’action qui explore les principaux éléments moteurs des inégalités en milieu urbain, traduites par la rareté du travail décent et par les disparités socio-spatiales liées à l’emplacement de différentes activités productives dans les villes. Dans l’optique de « prospérer », les auteures analysent comment les gouvernements locaux et régionaux peuvent augmenter les opportunités en matière de travail décent et atténuer les effets qu’auront les pandémies à venir et le changement climatique sur le travail décent, la prospérité et l’inégalité en milieu urbain.
Leçons sur l’urbanisme inclusif
Le commerce dans l’espace public est à la fois une source primordiale de moyens de subsistance pour des millions de personnes, tout particulièrement dans les pays du Sud, et un foyer important d’emploi pour les femmes, pour les immigré·e·s et pour d’autres groupes marginalisés. Les vendeuse·eur·s de rue et les commerçant·e·s de marché offrent des biens et des services à un prix abordable, dans des lieux pratiques, à une population citadine qui est souvent à faible revenu. En outre, la recherche confirme à maintes reprises que les commerçant·e·s de l’informel jouent un rôle crucial dans la sécurité alimentaire urbaine ; à titre d’exemple, les preuves issues du projet Hungry Cities Partnership [partenariat de villes souffrant de la faim]. Or, il est rare que les autorités locales fournissent assez d’espaces, d’infrastructures et de services situés de manière appropriée afin de maximiser à la fois les opportunités des moyens de subsistance et les contributions qu’apportent à la vie urbaine les commerçant·e·s travaillant dans l’espace public. Avi Majithia, Shalini Sinha, Caroline Skinner, Richard Dobson, Sarah Heneck et Toni Ottanelli-Gale décrivent une diversité d’innovations en matière de commerce dans l’espace public étant apparues à Durban et à Delhi lors de la pandémie. Les auteur·e·s proposent également des leçons pour la gestion des commerçant·e·s de rue dans ces villes et dans d’autres.
Renforcer la gestion de l’espace public
Le dialogue social entre les organisations de vendeuse·eur·s de rue et les gouvernements municipaux est le principal mécanisme pour trouver des solutions inclusives dans la régulation et la gestion des espaces publics. Olga Abizaid et Ana Carolina Ogando exposent le cas de Lima, au Pérou, où les autorités locales et ces organisations ont entrepris un dialogue régulier. Cela a instauré la confiance entre les parties et a incité les multiples parties intéressées à aborder et à apporter, ensemble, des solutions aux problèmes, d’autant plus au vu du rôle que peuvent jouer les fonctionnaires de la municipalité à la fois dans l’instauration de la confiance entre les parties intéressées, comme dans le renforcement de la compréhension qu’en ont les travailleuse·eur·s des processus établissant les normes. Il en a résulté également le développement du Décret 1 787 sur le commerce de rue. Le cas étudié à Lima montre comment le dialogue social constitue un chemin propice vers la réconciliation du droit des travailleuse·eur·s à travailler dans l’espace public, avec les objectifs des gouvernements municipaux en matière de développement urbain.
Les possibilités de renaturation des villes
Les défis et les possibilités que présente la « renaturation » des villes sont examinés dans une étude de cas venant du Brésil, où l’expérience de l’approche de la ville de Belo Horizonte quant à la gestion des déchets solides est explorée. Les auteures Sonia Dias et Ana Carolina Ogando examinent la façon dont les récupératrice·eur·s de matériaux de l’informel sont intégré·e·s au système de gestion des déchets solides de la ville. Elles enquêtent également sur le rôle joué par le Forum municipal déchets et citoyenneté, un forum participatif à multiples parties intéressées. Elles mènent une réflexion sur la manière dont cela a positionné les acteurs pour atténuer la propagation de la COVID-19. Cette étude de cas montre le potentiel qu’a la gestion des déchets solides pour contribuer à l’écologisation des infrastructures et des systèmes urbains et, en même temps, pour créer des conditions et des opportunités favorables au travail décent.
Continuer à lire ici sur les systèmes inclusifs de gestion des déchets solides à Belo Horizonte.
Depuis la sortie de sa première édition, en 2008, le rapport GOLD est devenu une référence internationale pour l’analyse des gouvernements locaux et régionaux partout dans le monde. On espère que les contributions faites par WIEGO ouvriront bien la porte des programmes des membres de la CGLU aux travailleuse·eur·s de l’informel en milieu urbain, y compris leurs contributions à la configuration de la ville.
Photo en haut de page : Un membre d'une coopérative de récupératrice·eur·s à Belo Horizonte, au Brésil. Crédit photo : Bruno Greco
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