Dans le cadre de la promotion d’un avenir urbain plus favorable, l’Organisation des nations unies a récemment lancé un appel au partage des stratégies de transformation de l’action locale, qui ont permis de créer des « villes plus vertes, plus équitables et plus durables ». Voici cinq exemples issus des riches expériences de WIEGO et de nos partenaires.
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Intégrer les récupératrice·eur·s de matériaux dans la gestion des déchets municipaux : Une approche centrée sur les individus dans les villes colombiennes
À Bogotá, et dans de nombreuses villes en Colombie, les récupératrice·eur·s de matériaux ont été officiellement inclu·e·s en tant que fournisseuse·eur·s de services publics de recyclage et de gestion des déchets. Cela s’est fait grâce à une lutte de 30 ans menée par l’Association des récupératrice·eur·s de matériaux de Bogotá (ARB) et l’Association nationale des récupératrice·eur·s de matériaux (ANR). Même si les spécificités des systèmes varient en fonction des villes, en général, les organisations de récupératrice·eur·s de matériaux qui entreprennent une formalisation peuvent assurer –et recevoir un paiement pour– la collecte, le transport et la préparation des matériaux recyclables. La rémunération de ces services vient compléter les revenus qu’elles·ils tirent de la vente des matériaux recyclables.
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Subvertir le plan directeur de la ville pour en faire un outil d’inclusion : La campagne « Moi aussi, je suis Delhi »
Les plans directeurs des villes des pays du Sud ont tendance à reproduire des visions eurocentristes et modernes de la ville, éloignées de la réalité vécue par la plupart des gens, qui vivent et travaillent de manière informelle. À Delhi, les plans directeurs précédents ont servi à justifier légalement le déplacement des communautés démunies de leurs maisons et de leurs lieux de travail. Ces trois dernières années, l’équipe des Villes Focales Delhi de WIEGO a encouragé la formation d’une coalition composée de groupes de la société civile, d’activistes et d’organisations de travailleuse·eur·s de l’informel. Grâce à ce travail collectif, la campagne a donné comme résultat un « plan du peuple » plus juste et plus inclusif pour Delhi pour les 20 prochaines années. Cette expérience permet aux activistes et aux planificatrice·eur·s avant-gardistes de mieux comprendre comment utiliser la planification générale comme un outil d’inclusion et de reconnaissance des moyens de subsistance informels dans la planification urbaine.
En savoir plus sur une campagne du peuple à Delhi.
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Soutenir les moyens de subsistance par l’amélioration des bidonvilles : Conclusions tirées du Fonds de logement Mahila SEWA à Ahmedabad
Depuis plus de 25 ans, le Fonds de logement Mahila SEWA (MHT) cherche à améliorer la qualité des logements dans les quartiers informels et précaires des villes indiennes. Les actions du MHT sont très variées promotion de l’accès des foyers à l’eau et à l’assainissement à grande échelle, amélioration de la conception et de la disposition des maisons pour répondre à des besoins spécifiques en matière de travail et de stockage, lutte pour l’accès à la propriété dans les colonies de réinstallation de Delhi et, plus récemment, lutte pour l’amélioration et la sécurisation des transports vers les quartiers défavorisés d’Ahmedabad. Toutes ces mesures ont eu un impact considérable sur le bien-être et la productivité économique des travailleuse·eur·s à domicile. City Collab, une société de conseil basée à Ahmedabad, a créé des ressources pour diffuser les conclusions du projet MHT.
En savoir plus sur la manière de rendre les environnements de travail à domicile plus sûrs, plus sains et plus productifs.
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Concilier le droit à la mobilité avec le droit à des moyens de subsistance : Le cas de Mexico
À Mexico, il existe un carrefour de transit –CETRAM Tacubaya– où les vendeuse·eur·s de nourriture de l’informel cohabitent avec les piéton·ne·s, les personnes allant au travail, les cyclistes et les bus. WIEGO et l’Institut pour les politiques de transport et de développement au Mexique (ITDP) ont utilisé ce carrefour comme une étude de cas afin d’élaborer des recommandations et des modèles pour garantir la sécurité du travail des vendeuse·eur·s de rue, ainsi que pour améliorer le transport et la mobilité des piéton·ne·s. Pour cette étude, il a été nécessaire d’organiser des groupes de discussion avec les vendeuse·eur·s et d’effectuer un travail de terrain considérable sur place. Sur cette base, WIEGO et ITDP-Mexico ont développé une boîte à outils qui présente les principes permettant de concilier le droit de travailler dans l’espace public avec le droit à la mobilité urbaine.
En savoir plus sur le travail dans l’espace public et la mobilité (en espagnol).
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Concevoir l’espace public de manière à soutenir le commerce de rue et de marché : L’approche d’Asiye eTafuleni à Durban
À Durban, en Afrique du Sud, Asiye eTafuleni, une organisation à but non lucratif, travaille depuis 2008 avec les commerçant·e·s pour créer des infrastructures destinées au commerce dans l’espace public. Leur approche suppose qu’avant toute intervention, les urbanistes doivent procéder à une analyse contextuelle approfondie. Asiye eTafuleni se base sur l’observation critique, les entretiens individuels et en groupe, et encourage les commerçant·e·s à effectuer leurs propres recherches. Située en plein cœur de la ville, cette organisation a identifié différents modèles et typologies de commerce, ainsi que leurs implications en termes de planification et de conception. Elle met ces outils, et bien d’autres, à la disposition des urbanistes.
En savoir plus sur la planification et la conception d’espaces publics inclusifs.