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Groupes de travailleurs dans l’économie informelleRécupératrice·eur·s de matériaux

Qui sont les récupératrice·eur·s de matériaux ?Des millions de personnes à travers le monde se procurent un revenu en collectant, triant, recyclant et vendant des matériaux que d’autres ont jetés.

Dans certains pays, ces récupératrice·eur·s de matériaux constituent la seule forme de collecte des déchets solides, ce qui offre de nombreux avantages à la communauté et permet d’atteindre des taux de recyclage remarquables.

Les récupératrice·eur·s de matériaux jouent un rôle essentiel dans les économies locales et les systèmes urbains. Elles·Ils collectent les matières recyclables dans les rues, nettoient les espaces publics et fournissent des matières premières aux industries à un coût minime pour les budgets municipaux et industriels. Leur contribution à la réduction des émissions de carbone est indéniable. Pourtant, elles·ils sont souvent confronté·e·s à un statut social dévalorisé, à des conditions de vie et de travail précaires, et à un soutien insuffisant de la part des pouvoirs publics et des industries. Des politiques ambitieuses sont nécessaires pour augmenter leurs revenus et garantir un salaire minimum vital, des normes de santé et de sécurité au travail adéquates (et mises en œuvre), ainsi que l’intégration de ces travailleuse·eur·s dans les plans d’adaptation, tout en éliminant les discriminations et en assurant leur droit de s’organiser collectivement.

Le recyclage à l'état pur : Les avantages sociaux, économiques et environnementaux de la collaboration avec les récupératrice·eur·s de matériaux

Définition de « récupératrice·eur·s de matériaux »

Le terme « récupératrice·eur·s de matériaux » désigne les personnes qui collectent des matériaux réutilisables et recyclables (que ceux-ci soient séparés ou mélangés) dans les poubelles résidentielles et commerciales, auprès de grands producteurs de déchets et dans les décharges et les espaces publics. Leur but est de les réutiliser ou de les acheminer vers le recyclage et ainsi s’assurer un revenu.

Lors de la première Conférence mondiale des récupératrice·eur·s de matériaux, tenue en Colombie en 2008, il a été convenu d’utiliser le terme générique « waste picker » en anglais [« récupératrice·eur de matériaux » en français] pour remplacer le terme péjoratif « scavenger » [« pilleuse·eur » de poubelles]. Il a également été recommandé d’employer, dans des contextes spécifiques, le terme préféré par la communauté locale de collecte des déchets. Par exemple, en Afrique du Sud, les termes « reclaimers » et « bagerezi » sont employés, tandis qu’aux États-Unis, on utilise souvent « canners ». Dans d’autres pays, leurs termes préférés sont, par exemple : « catadoras & catadores » au Brésil et « personas recicladoras » en Amérique latine.

Malgré l’absence d’un consensus international parmi les travailleuse·eur·s, activistes, spécialistes des déchets et chercheuse·eur·s, WIEGO adopte le terme « récupératrice·eur·s de matériaux » comme dénomination générique. L’Alliance internationale des récupératrice·eur·s de matériaux (AIR/IAWP) propose une définition globale incluant plusieurs catégories de travailleuse·eur·s, favorisant leur mise en réseau dans divers contextes.

Les récupératrice·eur·s de matériaux collectent les déchets ménagers ou commerciaux et industriels. Elles·Ils peuvent les récupérer dans des poubelles ou des conteneurs privés, le long des rues et des cours d’eau, ou dans des décharges et des sites d’enfouissement. Certain·e·s cherchent des articles de première nécessité, tandis que d’autres collectent et vendent des matières recyclables à des intermédiaires ou à des entreprises. D’autres travaillent dans des entrepôts ou des usines de recyclage appartenant à leurs coopératives ou associations.

Ce qui unit les récupératrice·eur·s de matériaux, c’est que leur travail constitue leur moyen de subsistance et il permet souvent de soutenir leur famille.

Défis et progrèsStatistiques sur les récupératrice·eur·s de matériaux

Il est difficile d’obtenir des données statistiques fiables sur les récupératrice·eur·s de matériaux. Les statistiques sur l’emploi sont souvent recueillies à travers des enquêtes auprès des ménages, mais un bon nombre des récupératrice·eur·s vivent dans la rue ou dans des décharges, ce qui les exclut de ces échantillons. En plus, leur activité est souvent mobile et varie en fonction des saisons. Certain·e·s évitent même les enquêteuse·eur·s, craignant que les informations ne soient transmises aux autorités.

Malgré ces défis, de nombreux rapports de pays, issus de la série de Notes d’information statistique de WIEGO, fournissent des données sur les récupératrice·eur·s de matériaux. Cependant, pour les raisons mentionnées, ces chiffres sont souvent sous-estimés. Pourtant, même un faible pourcentage de récupératrice·eur·s parmi la population active représente un nombre considérable de travailleuse·eur·s. Par exemple, selon une enquête nationale en Inde, 1 % de la population active est constituée de récupératrice·eur·s de matériaux, soit environ 2,2 millions de personnes. Pour combler le manque de données précises, le programme de Statistiques de WIEGO s’est engagé à documenter les efforts de collecte de données menés par les organisations des récupératrice·eur·s elles-mêmes.

Parmi ces initiatives, citons la collecte de données en Colombie de 2012 à 2022, la Note d’information statistique nº 35 de WIEGO et « Statistiques sur les récupératrice·eur·s de matériaux : un guide sur les études de cas », Note d’information statistique nº 39 de WIEGO.  Il est important de noter que les organisations des récupératrice·eur·s ont collaboré à chaque étape du processus.

Les statistiques sur les récupératrice·eur·s au Brésil sont détaillées dans « Récupératrice·eur·s de matériaux au Brésil : un profil statistique », Note d’information statistique nº 29 de WIEGO, (disponible en anglais et en portugais), ainsi que « Statistiques sur les récupératrice·eur·s de matériaux au Brésil », Note d’information statistique nº 2 de WIEGO.

  • 15 à 20 millions

    À l’échelle mondiale, on estime que 15 à 20 millions de personnes travaillent comme récupératrice·eur·s de matériaux de l’informel.

  • Plus de 280 mille

    Au Brésil, il y a plus de 281 000 catadoras et catadores.

  • Plus de 25 mille

    À Bogota, en Colombie, il y a plus de 25 000 récupératrice·eur·s de matériaux.

Statistiques supplémentaires sur les récupératrice·eur·s de matériaux

  • À l’échelle mondiale, on estime que 15 à 20 millions de personnes travaillent comme récupératrice·eur·s de matériaux de l’informel.

    Un rapport de l’OIT indique que seulement 4 millions de travailleuse·eur·s sont officiellement employé·e·s dans l’industrie de la gestion des déchets et du recyclage, ce qui signifie que la majorité de ce secteur repose sur des travailleuse·eur·s de l’informel.

  • Au Brésil, il y a plus de 281 000 catadoras et catadores. La plupart des récupératrice·eur·s dans ce pays sont des hommes, à 70 %, contre 30 % des femmes. Si leur nombre absolu a bien augmenté ces dernières années, les récupératrice·eur·s de matériaux ne représentent qu’entre 0,1 % et 0,4 % de l’emploi total au Brésil. Même s’il s’agit d’un pourcentage très bas, ces travailleuse·eur·s sont à l’origine des taux élevés de recyclage dans le pays. Au Brésil, 97 % des canettes et 67 % du carton sont recyclés.

  • À Bogota, en Colombie, il y a plus de 25 000 récupératrice·eur·s de matériaux. Grâce au Registre unifié des récupératrice·eur·s de matériaux de Bogota (RURO), un système d’enregistrement mis à jour chaque année, la ville dispose d’une base de données complète qui compile des informations, y compris leurs caractéristiques sociales et sur leur travail, et s’alimente de diverses sources, dont les organisations des récupératrice·eur·s et une unité administrative spéciale des services publics de Bogota.

Contributions des récupératrice·eur·s de matériaux

Les récupératrice·eur·s de matériaux apportent bien plus que la simple collecte des déchets solides à la source et le tri des matières recyclables. Leur travail contribue à une meilleure utilisation des terres, à la préservation et l’extension des espaces verts, à l’amélioration des cours d’eau et à la prévention des inondations. Elles·Ils stimulent l’innovation des systèmes énergétiques et réduisent les émissions de gaz à effet de serre. En plus de soutenir l’économie, l’environnement et la santé publique, elles·ils créent leurs propres moyens de subsistance.

Leur activité génère des revenus indispensables pour de nombreuses personnes et familles. À Belo Horizonte, au Brésil, des récupératrice·eur·s de matériaux ont expliqué que leurs coopératives ouvrent de nouvelles perspectives et permettent parfois de « sortir les gens de la rue ».

Les récupératrice·eur·s fournissent des matériaux réutilisables à d’autres entreprises. À Pune, en Inde, elles·ils collectent des matières organiques pour produire du compost et du biogaz, tandis qu’à Belo Horizonte et à Nakuru, au Kenya, les matériaux récupérés sont vendus à des artistes et à d’autres groupes pour être réutilisés de manière créative.

En outre, beaucoup de récupératrice·eur·s vendent leurs matériaux à des personnes qui les revendent ensuite à profit. Elles·Ils paient également des sociétés privées du transport et des conductrice·eur·s de camion.

Lorsqu’elles·ils sont organisé·e·s et intégré·e·s de manière formelle aux systèmes de recyclage, les récupératrice·eur·s de matériaux renforcent leur impact positif sur l’environnement. Par exemple, le projet de WIEGO « Réduction des déchets dans les villes côtières » a permis de renforcer la capacité des organisations des récupératrice·eur·s à lutter contre la pollution des océans par les déchets.

En ramassant les déchets dans les espaces publics, ces travailleuse·eur·s contribuent à rendre les villes plus propres et plus agréables à vivre. Elles·Ils détournent une part considérable des déchets de l’enfouissement ou de l’incinération. Un rapport de 2020 estime que 58 % des plastiques sont collectés par les récupératrice·eur·s, ce qui constitue une contribution essentielle à la chaîne de valeur et à la prévention de la pollution plastique.

Le recyclage est l’une des méthodes les plus efficaces et économiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Malheureusement, l’incinération privatisée des déchets tend à les exclure de ce processus dans de nombreuses régions du monde.

La réutilisation et le recyclage des matériaux réduisent la demande de matières premières vierges pour la production, préservant ainsi les ressources naturelles et l’énergie, tout en limitant la pollution de l’air et de l’eau.

Pour en savoir plus, consultez le rapport Les travailleuse·eur·s de l’informel en milieu urbain et l’économie verte.

Forces motrices et conditions de travail

La collecte des déchets est souvent une activité familiale, mais dans certains contextes, comme en Amérique latine, les récupératrice·eur·s de matériaux ont organisé leur travail collectivement au sein de coopératives.

La récupération est fortement sensible aux fluctuations du marché des matières recyclables. Elle offre des horaires de travail flexibles, ce qui est particulièrement important pour les femmes. Bien que ce métier soit généralement accessible, sans nécessiter de formation préalable, la transition vers une économie circulaire impose de nouvelles compétences. Pour de nombreuses personnes parmi les plus démunies du monde, la collecte des déchets reste l’une des rares options de subsistance.

Cependant, les travailleuse·eur·s du secteur des déchets font fréquemment face à la stigmatisation sociale, à de mauvaises conditions de travail et à des harcèlements constants. L’urgence climatique n’a fait qu’exacerber ces inégalités sociales, économiques et spatiales. De plus, les politiques et les investissements visant à lutter contre les changements climatiques entraînent souvent des répercussions négatives sur la vie et les moyens de subsistance des travailleuse·eur·s de l’informel. C’est pourquoi un appel est lancé en faveur d’une Transition juste pour garantir que le passage à une économie plus durable sur le plan environnemental soit également économiquement équitable.

  • L’accès aux déchets et la privatisation de leur gestion sont des enjeux cruciaux pour les récupératrice·eur·s de matériaux. En 2012, lors du premier atelier stratégique mondial des récupératrice·eur·s de matériaux, à Pune, en Inde, des représentant·e·s de 22 pays ont identifié la privatisation de l’accès aux déchets comme la plus grande menace commune pour leurs moyens de subsistance.

    De plus, la Responsabilité élargie des producteurs (REP) a restreint l’accès aux matières recyclables dans plusieurs régions. WIEGO a aidé les organisations de travailleuse·eur·s à documenter ces différents systèmes de REP dans le monde et à plaider pour que les pouvoirs publics garantissent la mise en œuvre des politiques inclusives obligatoires en matière de REP.

  • Les revenus des récupératrice·eur·s de matériaux varient considérablement selon les régions, le type de travail effectué et leur genre. À Belo Horizonte, au Brésil, où les récupératrice·eur·s de matériaux sont, d’une part, reconnu·e·s et soutenu·e·s par les pouvoirs publics, et d’autre part, organisé·e·s en coopératives solides, leurs revenus semblent plus élevés que ceux d’autres travailleuse·eur·s de l’informel. En revanche, à Nakuru, au Kenya, les récupératrice·eur·s de matériaux vivent avec des revenus très modestes.

    Les hommes gagnent généralement plus que les femmes, surtout parmi les travailleuse·eur·s non organisé·e·s, tandis que dans les coopératives, l’écart salarial est moins prononcé.

    Ces revenus fluctuent également en fonction des prix du marché des matières recyclables. Pour maximiser leurs gains, les récupératrice·eur·s ont besoin d’espace pour trier et stocker les matériaux jusqu’à ce qu’elles·ils puissent obtenir un meilleur prix.

    La crise actuelle du coût de la vie frappe de plein fouet ces travailleuse·eur·s. Lors de la crise économique mondiale de 2008-2009, une étude, menée par WIEGO et ses partenaires dans l’initiative Villes inclusives, a montré que la demande et les prix des déchets avaient chuté drastiquement, tandis qu’un grand nombre de personnes récemment sans emploi se tournait vers la collecte des déchets pour subsister.

    Dans les chaînes de valeur, les récupératrice·eur·s de matériaux se trouvent souvent en position de faiblesse. Elles·Ils peinent à négocier des prix équitables et se retrouvent dans des relations d’exploitation avec les acheteurs.

    Les entreprises du secteur formel, elles aussi, sont ravitaillées en matières recyclables par les récupératrice·eur·s. Dans plusieurs pays, les récupératrice·eur·s ont créé des coopératives, renforçant ainsi leur pouvoir de négociation et leur influence politique. Ces collectifs se sont mobilisés pour faire pression sur les grandes entreprises afin que celles-ci introduisent des garanties et des programmes de responsabilité sociétale.

    Pour en savoir plus, consultez La force de travail de l’informel en milieu urbain : les récupératrice·eur·s de matériaux.

  • Les récupératrice·eur·s de matériaux font face à une réalité cruelle où la stigmatisation sociale alourdit encore les défis qu’elles·ils rencontrent. La plupart de ces travailleuse·eur·s sont issu·e·s des groupes les plus marginalisés, avec peu d’accès à l’éducation formelle. Dans des villes comme Pune, en Inde, par exemple, la collecte des déchets est souvent réservée aux castes les plus marginalisées. Ailleurs, ce sont les migrant·e·s, ayant peu d’autres options, qui se tournent vers ce travail.

    Pour ces femmes et hommes, le harcèlement fait partie de leur lutte quotidienne. Traité·e·s comme des nuisances par les autorités et méprisé·e·s par la population, les récupératrice·eur·s de matériaux sont généralement ignoré·e·s dans les processus d’élaboration des politiques publiques et sont même confronté·e·s à des violences physiques et des arrestations arbitraires. Elles·Ils sont souvent exploité·e·s et intimidé·e·s par les intermédiaires. Une étude (en espagnol), menée par WIEGO dans six pays d’Amérique latine, basée sur des entretiens avec des récupératrice·eur·s, des observations de leur travail et des visites d’une douzaine de décharges, met en lumière les conditions de travail intolérables de ces récupératrice·eur·s, qui frôlent souvent la violation des droits humains. Pour répondre à cette injustice, une boîte à outils a été conçue en espagnol pour permettre aux récupératrice·eur·s de comprendre et de défendre leurs droits.

    Les organisations des récupératrice·eur·s de matériaux constituent une force essentielle pour lutter contre cette exclusion sociale et juridique.

  • Les femmes récupératrices de matériaux sont doublement pénalisées : non seulement elles gagnent moins que leurs homologues masculins, mais elles sont confrontées à d’autres formes d’inégalité. En guise de réponse, le Réseau latino-américain des récupératrice·eur·s de matériaux (Red-Lacre), le Mouvement national des récupératrice·eur·s de matériaux du Brésil (MNCR) et WIEGO ont créé, en 2012, un projet cherchant à aborder ces questions de genre dans le contexte de la récupération des matériaux.

  • Travailler avec des déchets expose les récupératrice·eur·s à de multiples dangers pour leur santé. Qu’il s’agisse de déchets médicaux, de fumées toxiques ou de substances chimiques dangereuses, ces travailleuse·eur·s sont en première ligne d’exposition à des contaminants et à des matières dangereuses. Celles·Ceux qui œuvrent dans des décharges à ciel ouvert affrontent en plus des risques liés aux camions, aux incendies ou aux glissements de terrain. De plus, certain·e·s doivent ramener les matériaux collectés chez elles·eux pour les trier ou les stocker, ce qui présente des dangers pour le foyer. Le manque de protection et l’accès limité aux soins de santé ne font qu’aggraver ces risques. Par ailleurs, les décharges à ciel ouvert posent des menaces graves pour l’environnement et la santé publique, mais leur fermeture doit être exhaustive et soigneusement planifiée pour ne pas laisser les récupératrice·eur·s sans ressources.

    Les risques ergonomiques, tels que la répétition des mouvements ou le levage de charges lourdes, provoquent chez ces travailleuse·eur·s des douleurs dorsales et autres. Dans la région métropolitaine de Belo Horizonte, au Brésil, le projet Cuidar de WIEGO se consacre à renforcer les connaissances et les capacités en matière de mesures préventives clefs pour atténuer ces problèmes ergonomiques.

    Dans Dieu est mon réveil : l’histoire d’une récupératrice brésilienne, dona Maria Brás relate comment elle a aidé à fonder des coopératives où le respect et la sécurité des récupératrice·eur·s sont au cœur des préoccupations.

    Enfin, la pandémie de la COVID-19, contre laquelle les gouvernements ont ordonné des arrêts d’activités et ont imposé le confinement, a exacerbé les risques auxquels sont confronté·e·s les récupératrice·eur·s, les exposant à des matériaux potentiellement contaminés et réduisant drastiquement leurs revenus.

Politiques et programmes

La manière dont les récupératrice·eur·s de matériaux sont intégré·e·s dans les systèmes de gestion des déchets municipaux, ou leur inclusion même, varie considérablement à travers le monde. Trop souvent, leur contribution essentielle passe inaperçue et elles·ils n’ont pas accès à la protection sociale financée par l’État.

Pourtant, là où les récupératrice·eur·s de matériaux s’organisent, les choses évoluent. Les organisations des récupératrice·eur·s et leurs allié·e·s travaillent sans relâche pour que les villes reconnaissent l’importance vitale de leur rôle et encouragent les autorités à élaborer des politiques plus progressistes. Des initiatives innovantes à Belo Horizonte, à Lima et à Pune montrent la voie, avec des politiques qui intègrent ces travailleuse·eur·s dans la collecte et le recyclage des déchets.

Pour découvrir d’autres exemples d’initiatives législatives ayant des effets positifs, consultez Les récupératrice·eur·s de matériaux et le droit.

  • Un cadre juridique inclusif est essentiel pour garantir les moyens de subsistance des récupératrice·eur·s. L’exclusion juridique par le biais de règlementations nationales ou municipales, comme celles observées à Bogotá et à Durban en 2012, a gravement impacté les récupératrice·eur·s. En revanche, lorsque les États mettent en place un cadre juridique favorable, comme au Brésil avec la politique nationale de gestion des déchets solides, les collectifs des récupératrice·eur·s peuvent prospérer et jouer un rôle reconnu dans la gestion des déchets.

  • Dans le contexte du changement climatique, la gouvernance multiscalaire est essentielle aux mesures d’adaptation. Bien au niveau mondial que national et local, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes et des mesures d’intervention visant à orienter les systèmes urbains vers l’adaptation aux risques liés aux changements climatiques. À Belo Horizonte, par exemple, les récupératrice·eur·s de matériaux et leurs allié·e·s participent activement à des comités d’adaptation et à des forums nationaux sur le climat.

  • À Bogotá, les années de plaidoyer des récupératrice·eur·s de matériaux ont porté leurs fruits. La Cour constitutionnelle a ordonné l’inclusion des récupératrice·eur·s dans la planification de l’assainissement de la ville. Cette série de décisions a reconnu non seulement les récupératrice·eur·s en tant que travailleuse·eur·s, mais aussi leur rôle dans la chaîne de valeur du recyclage et leur statut de prestataires de services publics. La mise en œuvre a connu des difficultés mais aussi des succès et, à partir de 2019, 94 municipalités colombiennes comptent au moins une organisation de récupératrice·eur·s offrant ce service public de recyclage.

  • En 2011, l’État du Minas Gerais au Brésil a passé une loi mettant en place un avantage financier appelé « bolsa reciclagem » [prime de recyclage], pour récompenser les coopératives pour leurs services environnementaux, qui consistent à réintroduire les matières recyclables dans le cycle de production. Elle est versée en plus des paiements reçus par les catadoras et catadores des acheteurs et des municipalités pour leurs services.

Organisation et voix

Les récupératrice·eur·s de matériaux, en quête de reconnaissance, sont motivé·e·s pour s’organiser dans toujours plus de villes, où elles·ils ont formé des collectifs pour revendiquer leur place dans la planification municipale de la gestion des déchets solides. Cette mobilisation locale est soutenue par une dynamique mondiale, symbolisée par l’Alliance internationale des récupératrice·eur·s de matériaux (AIR/IAWP). Ce réseau mondial, qui représente 460 000 récupératrice·eur·s organisé·e·s dans 34 pays, a franchi une étape historique en 2024 avec la tenue de son premier congrès électif, consolidant ainsi le mouvement.

Grâce à l’AIR ou IAWP (anciennement connue sous le nom d’Alliance mondiale des récupératrice·eur·s de matériaux ou GlobalRec), les récupératrice·eur·s se sont affirmé·e·s  sur la scène internationale. Lors de conférences sur le changement climatique et d’autres événements, elles·ils ont souligné l’urgence de mettre en place des politiques globales pour soutenir, plutôt que freiner, leur travail.

Le rôle des organisations de récupératrice·eur·s ne s’arrête pas là. En 2013, elles ont joué un rôle actif à la Conférence internationale du Travail, qui portait alors sur « le développement durable, les emplois verts et le travail décent ».

Une base de données mondiale, appelée « Les récupératrice·eur·s de matériaux à travers le monde », a été créée avec l’appui de WIEGO et de l’Alliance internationale des récupératrice·eur·s de matériaux.

Pour approfondir, explorez la section dédiée au travail d’organisation effectué par les récupératrice·eur·s de matériaux.

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