Qui sont les travailleuse·eur·s à domicile ?Les travailleuse·eur·s à domicile fabriquent des biens ou fournissent des services dans leur domicile ou aux alentours, à destination des marchés locaux, nationaux ou mondiaux. Elles·Ils travaillent dans une panoplie d’industries, allant de l’assemblage de micro-électronique à la fourniture de services informatiques, en passant par la production et la finition de textiles et de vêtements.
Dans le monde, on recense 260 millions de travailleuse·eur·s à domicile. Le travail à domicile occupe une place significative dans l’emploi total de nombreux pays, en particulier en Asie. À l’échelle mondiale, près de 148 millions de femmes exercent leur activité professionnelle depuis leur domicile, faisant de ce mode de travail une source d’emploi essentielle pour les femmes.
Présent dans tous les secteurs d’activité, le travail à domicile est un phénomène mondial en pleine expansion. Pourtant, alors que cette vaste population active est indispensable à de nombreuses chaînes d’approvisionnement, ces travailleuse·eur·s restent souvent invisibles et méconnu·e·s.
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Définition du travail à domicile
Il existe deux catégories de travailleuse·eur·s à domicile :
- Les travailleuse·eur·s à domicile indépendant·e·s, qui achètent elles·eux-mêmes leurs matières premières, équipements et fournitures, et assument les coûts des services publics et de transport. Leurs produits et services sont souvent destinés au marché local, bien qu’ils puissent parfois atteindre des clients à l’international. Généralement, elles·ils n’emploient pas de personnel, mais peuvent recevoir l’aide non rémunérée de membres de leur famille. En tant qu’indépendant·e·s, elles·ils portent l’entière responsabilité des risques liés à leur activité.
- Les travailleuse·eur·s à domicile sous-traitant·e·s (également appelé·e·s travailleuse·eur·s non salarié·e·s dépendant·e·s à domicile, ou travailleuse·eur·s externes de l’industrie) sont embauché·e·s par des entrepreneuse·eur·s, des usines ou des entreprises, souvent par le biais d’intermédiaires. Il est courant qu’elles·ils ignorent le nom de l’entreprise pour laquelle elles·ils produisent ou la destination finale des marchandises. Elles·Ils sont généralement payé·e·s à la pièce et ne jouent aucun rôle dans la vente des produits finis. Bien que les matières premières leur soient parfois fournies, elles·ils doivent prendre en charge plusieurs frais de production, tels que l’espace de travail, les équipements, l’électricité et les fournitures.
Remarque : Si le travail à domicile existe partout dans le monde, son profil varie selon les régions. Dans les pays développés, il s’agit souvent de professionnel·le·s indépendant·e·s ou de télétravailleuse·eur·s. En revanche, dans les pays en voie de développement et émergents, les travailleuse·eur·s à domicile sont principalement des indépendant·e·s, des travailleuse·eur·s non salarié·e·s dépendant·e·s à domicile ou des membres de famille contribuant à des métiers nécessitant une main-d’œuvre intensive.
Défis et progrèsStatistiques sur les travailleuse·eur·s à domicile
WIEGO élabore des notes statistiques offrant des données essentielles sur les travailleuse·eur·s à domicile, incluant leur nombre, leurs conditions de travail et leurs caractéristiques socio-économiques. Une note statistique, fondée sur les données de l’OIT couvrant plus de 100 pays, présente des statistiques mondiales, régionales et sous-régionales. Par ailleurs, des notes spécifiques pour quatre pays d’Asie du Sud détaillent la situation des travailleuse·eur·s à domicile aux niveaux rural, urbain et national. Une autre série de notes compile des données sur l’ensemble des travailleuse·eur·s de l’informel, incluant les travailleuse·eur·s à domicile, pour différents pays et échelons géographiques (villes, zones urbaines, pays).
Comptabiliser cette population active mais invisible
Des avancées notables ont permis d’affiner les méthodes et les directives statistiques pour le recensement des travailleuse·eur·s à domicile. Le programme de Statistiques de WIEGO a établi des directives pour estimer les travailleuse·eur·s à domicile ainsi que d’autres catégories de travailleuse·eur·s de l’informel. Pour un tableau statistique complet de cette population active, il est nécessaire de recueillir des informations précises sur leur lieu de travail, statut dans l’emploi, type de contrat et modes de rémunération.
En 2018, la 20e Conférence internationale des statisticiens du Travail a franchi une étape majeure pour améliorer les données sur les travailleuse·eur·s à domicile en adoptant la nouvelle Classification internationale du statut dans l’emploi (CISE-18). Celle-ci introduit une nouvelle catégorie des travailleuse·eur·s à domicile dans la classification : non salarié·e·s dépendant·e·s.
Malgré ces progrès, collecter des données fiables reste un défi. Certains pays n’intègrent pas de questions sur le « lieu de travail » dans leurs enquêtes sur les forces de travail (EFT) ou leurs recensements alors que la question est fondamentale pour repérer les travailleuse·eur·s à domicile. De plus, les recenseuse·eur·s, souvent non formé·e·s pour identifier ce groupe, classent par erreur ces travailleuse·eur·s comme des personnes effectuant uniquement des tâches ménagères (non rémunérées). Par ailleurs, un grand nombre de travailleuse·eur·s à domicile ne se reconnaissent pas nécessairement comme des « travailleuse·eur·s », ce qui complique davantage leur dénombrement, surtout celui des femmes.
- 260 millions
À l’échelle mondiale, 260 millions de femmes et hommes fabriquent des produits ou fournissent des services depuis leur domicile ou à proximité.
- 57 %
des travailleuse·eur·s à domicile dans le monde sont des femmes.
- 65 %
Environ 65 % des travailleuse·eur·s à domicile dans le monde sont situé·e·s en Asie et dans le Pacifique.
Statistiques supplémentaires sur les travailleuse·eur·s à domicile
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224 millions (86 %) se trouvent dans les pays en voie de développement et émergents, tandis que 35 millions (14 %) sont dans les pays développés.
Les femmes représentent 57 % des travailleuse·eur·s à domicile à l’échelle mondiale, contre 43 % pour les hommes. La répartition entre hommes et femmes varie selon le niveau de développement du pays. Dans les pays en voie de développement et émergents, cette proportion est proche de la moyenne mondiale : 58 % de femmes et 42 % d’hommes. En revanche, dans les pays développés, les hommes sont légèrement majoritaires. À l’origine de cette anomalie, l’Europe, où 58 % des travailleuse·eur·s à domicile sont des hommes et 42 %, des femmes.
En savoir plus -
- En Thaïlande, près de 10 % de la population active, soit environ 3,7 millions de personnes, travaillaient à domicile en 2017. Il s’agit principalement des femmes, dont plus de 70 % sont des travailleuses de l’informel.
- Au Bangladesh, le pays comptait 10,6 millions de travailleuse·eur·s à domicile selon l’EFT 2016-17, soit 17 % de l’emploi total.
- En Inde, avec 74 millions de travailleuse·eur·s à domicile (44 millions de femmes et 30 millions d’hommes), ce secteur représente 14 % de l’emploi total, 29 % de l’emploi féminin et 8 % de l’emploi masculin.
- Au Pakistan, le nombre de travailleuse·eur·s à domicile a augmenté. Il est passé de 3,6 millions en 2013-14 à 4,4 millions en 2017-18, soit 7 % de l’emploi total. Le nombre de femmes a augmenté, tandis que celui des hommes a diminué.
Contributions des travailleuse·eur·s à domicile
L’étude de suivi de l’économie informelle (IEMS) de WIEGO met en lumière la contribution essentielle des travailleuse·eur·s à domicile à leurs foyers, à la société et à l’économie.
Les travailleuse·eur·s à domicile jouent un rôle économique actif en générant une demande pour des fournitures, des matières premières et des équipements. Parmi ce groupe, les travailleuse·eur·s indépendant·e·s fournissent des biens et services à coût réduit au public, tout en payant des taxes sur les matières premières, les équipements et les services de base qu’elles·ils utilisent. Leurs revenus aident leurs ménages à éviter l’extrême pauvreté. Travaillant depuis leur domicile, elles·ils jouent également un rôle social crucial en prenant soin des enfants et des personnes âgées, contribuant ainsi à la cohésion sociale de leurs communautés et de leurs familles. De plus, leur empreinte carbone est souvent réduite, car elles·ils évitent les trajets quotidiens et privilégient des moyens de transport à faible impact, comme le vélo, la marche ou les transports en commun.
Les travailleuse·eur·s à domicile entretiennent également des liens avec les entreprises formelles, car elles·ils achètent des fournitures auprès de ces entreprises, leur vendent des produits finis ou travaillent pour elles en tant que maillons de la chaîne d’approvisionnement. Ces entreprises, en vendant les produits finis, collectent des taxes sur les ventes, contribuant ainsi aux finances publiques.
Forces motrices et conditions de travail
Les travailleuse·eur·s à domicile se retrouvent dans tous les secteurs économiques, régions géographiques et groupes de revenus, mais leur statut dans l’emploi, leur métier et les défis auxquels elles·ils font face varient selon le niveau de revenu des pays.
Dans les pays en voie de développement et émergents, ces travailleuse·eur·s sont très probablement des indépendant·e·s, des travailleuse·eur·s externes de l’industrie ou des travailleuse·eur·s familiales·aux collaborant à l’entreprise. Environ 83 % de l’ensemble des travailleuse·eur·s à domicile dans ces régions, où le travail à domicile est le plus courant, exercent des métiers de « vente et services » ou d’« artisanat et commerce », souvent des activités à forte intensité de main-d’œuvre comme la transformation alimentaire, la confection de vêtements et de chaussures, les travaux d’électricité et d’électronique, ainsi que les métiers de la construction.
Dans les pays développés, les travailleuse·eur·s à domicile sont principalement des salarié·e·s, des professionnel·le·s indépendant·e·s et des travailleuse·eur·s des plateformes numériques. Elles·Ils occupent souvent des postes de gestion, de bureau ou des métiers qualifiés, tels que l’informatique, les télécommunications, le télémarketing ou le conseil technique. Les travailleuse·eur·s des plateformes numériques pratiquant le « travail des foules » (crowdwork) à domicile sont également présent·e·s dans toutes les catégories de revenus de ces pays.
Bien que partageant le même lieu de travail, les défis varient selon le niveau de développement des pays. Les difficultés évoquées ci-après concernent principalement les travailleuse·eur·s des pays en voie de développement et émergents.
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Malgré les 260 millions de personnes travaillant depuis leur domicile à travers le monde, les politiques publiques négligent souvent ce secteur lors de la conception de politiques, règlementations ou services. Les enquêtes sur les forces du travail et les recensements incluent rarement des questions sur le « lieu de travail », limitant ainsi la production de données qui pourraient étayer la visibilité et la compréhension de ce groupe. Par conséquent, la plupart des travailleuse·eur·s sous-traitant·e·s à domicile échappent au droit du travail, la grande majorité des travailleuse·eur·s à domicile indépendant·e·s ne bénéficient pas des protections commerciales régissant les contrats, et les infrastructures de base dans les domiciles-lieux de travail restent insuffisantes. De plus, les décideuse·eur·s n’anticipent pas l’impact des tendances économiques sur les travailleuse·eur·s à domicile. Souvent isolé·e·s de leurs pairs, ces travailleuse·eur·s peinent à négocier en solitaire des tarifs ou des prix ou salaires aux pièces plus avantageux, et ont peu de moyens pour réclamer des infrastructures ou des services de transport nécessaires à leur activité.
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Diverses raisons, notamment des impératifs financiers, incitent les travailleuse·eur·s à domicile à exercer cette activité, mais celle-ci devient essentielle pour répondre aux besoins de base de leurs ménages.
Cependant, ces travailleuse·eur·s gagnent peu, en particulier les sous-traitant·e·s, les travailleuse·eur·s non salarié·e·s dépendant·e·s à domicile, qui sont rémunéré·e·s à la pièce et dépendent d’intermédiaires pour obtenir des commandes et des paiements.
Selon une note statistique de WIEGO, dans les pays en voie de développement et émergents, les travailleuse·eur·s à domicile passent souvent plus de temps au travail que celles et ceux des pays développés. En effet, 15 % des femmes et 28 % des hommes dans les pays développés travaillent 49 heures ou plus par semaine, contre 31 % des femmes et 44 % des hommes dans les pays en voie de développement, et 32 % des femmes et 54 % des hommes dans les pays dits émergents. (À noter que ces statistiques ne couvrent que le travail rémunéré ; dans de nombreux cas, les femmes assurent aussi les soins aux enfants et les tâches ménagères, alourdissant encore leur charge de travail.)
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Dans le monde, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à travailler à domicile : les femmes représentent 57 % des travailleuse·eur·s à domicile à l’échelle mondiale. Nombre d’entre elles optent pour ce mode de travail en raison du manque de formation pour des emplois dans le secteur formel, de l’absence de solutions de garde d’enfants et des restrictions culturelles ou sociales qui limitent leur mobilité. Dans les grandes métropoles, est-il avancé, les femmes doivent souvent consacrer du temps aux soins familiaux et à des tâches essentielles comme la collecte de rations alimentaires ou l’accès aux services de base tels que l’eau. Dans ces contextes, le travail à domicile devient une source de revenu cruciale pour elles et leurs familles.
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Pour les travailleuse·eur·s à domicile, leur maison est à la fois leur lieu de travail et donc un actif productif essentiel. Cela signifie qu’un logement inadéquat et des infrastructures insuffisantes constituent un défi majeur qui a un impact sur leur santé, leurs revenus et leur productivité.
Une petite maison entrave la productivité, car la travailleuse à domicile ne peut pas accepter de commandes en masse par manque d’espace pour le stockage de matières premières, et elle ne peut pas travailler en continu parce que d’autres membres du ménage et d’autres activités sont en concurrence pour le même espace. En outre, la santé et la sécurité au travail sont des questions cruciales pour les travailleuse·eur·s à domicile, y compris les risques ergonomiques liés à une mauvaise posture du fait d’être assis·es par terre ou à des tables basses.
Les risques liés aux services urbains qui pèsent sur la santé et la productivité des travailleuse·eur·s à domicile comprennent les problèmes des eaux usées, les égouts à ciel ouvert ou inexistants et la mauvaise gestion des déchets. De plus, le temps que les travailleuse·eur·s consacrent à la collecte de l’eau ou à l’élimination des déchets est du temps qu’elles·ils ne consacrent pas à leurs activités commerciales.
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Les conditions de vie et de travail des travailleuse·eur·s à domicile sont fortement influencées par les politiques et pratiques urbaines, bien que ces dernières soient rarement adaptées pour soutenir les maisons comme lieux de production, ni les travailleuse·eur·s à domicile d’ailleurs. De nombreux gouvernements locaux n’admettent pas que des activités économiquement productives se déroulent souvent dans des logements privés, y compris dans les bidonvilles et habitations de l’informel qui servent de sites de production et de distribution. La planification urbaine traditionnelle repose sur une séparation rigide entre domicile et lieu de travail, une vision de plus en plus obsolète face au rôle économique des espaces domestiques. Pour soutenir pleinement l’économie informelle, il est essentiel que la planification urbaine intègre ces espaces de travail dits atypiques.
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La pandémie de la COVID-19 a entraîné un essor sans précédent du travail à domicile. Si les professionnel·le·s et employé·e·s de bureau ont pu poursuivre leur activité grâce aux technologies de l’information, les travailleuse·eur·s indépendant·e·s traditionnel·le·s et (surtout) les travailleuse·eur·s externes de l’industrie, tout comme les travailleuse·eur·s familiales·aux collaborant à l’entreprise, ont subi une chute brutale de travail durant la COVID-19, les laissant sans revenus pendant de longs mois.
Une étude pilotée par WIEGO sur l’impact de la COVID-19 montre que les travailleuse·eur·s à domicile ont été parmi les plus durement touché·e·s pendant les restrictions d’avril 2020 et, un an plus tard, se remettaient plus lentement que d’autres travailleuse·eur·s de l’informel, comme les vendeuse·eur·s de rue ou les récupératrice·eur·s de matériaux. La crise de la COVID-19 n’a pas été la première à avoir frappé durement les travailleuse·eur·s à domicile. La crise économique mondiale de 2008 avait déjà réduit les opportunités pour les travailleuse·eur·s à domicile en perturbant les chaînes de valeur mondiales et en accentuant la concurrence. La récente crise du coût de la vie n’a fait qu’aggraver les difficultés, en réduisant encore la demande pour leurs services, en augmentant le coût des matières premières et en rendant les commandes plus sporadiques.
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De nombreuses multinationales des pays du Nord externalisent leur production vers des usines et des travailleuse·eur·s non salarié·e·s dépendant·e·s à domicile réparti·e·s dans divers pays. Les relations entre ces travailleuse·eur·s et l’entreprise principale passent souvent par des fournisseurs et sous-traitants, rendant ces liens opaques. Cela complique la négociation des tarifs et la garantie de paiement pour le travail effectué.
Politiques et programmes
Des réformes structurelles sont nécessaires pour accroître la reconnaissance des travailleuse·eur·s à domicile en tant que travailleuse·eur·s à part entière et pour les inclure dans la planification et les politiques urbaines. Pour amorcer ce changement, les gouvernements nationaux doivent reconnaître le travail à domicile comme une activité légitime, et garantir la protection des droits des travailleuse·eur·s à domicile par des lois et réglementations adéquates. Les autorités locales peuvent également contribuer en redéfinissant leur conception du lieu de travail, en veillant à ce que ces travailleuse·eur·s aient accès aux infrastructures essentielles, à des conditions de logement améliorées, et en intégrant leurs organisations dans les processus de planification urbaine. Le droit d’organisation des travailleuse·eur·s à domicile et leur participation aux négociations sur les politiques et programmes pesant sur leur vie sont essentiels pour impulser ces changements structurels.
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La Convention sur le travail à domicile (C177) a été adoptée par la Conférence internationale du Travail en 1996. Cette convention appelle les États à mettre en place des politiques nationales visant à promouvoir l’égalité de traitement entre les travailleuse·eur·s non-salarié·e·s dépendant·e·s à domicile et les autres travailleuse·eur·s. Elle met également en avant les domaines où cette égalité doit être appliquée, notamment l’inclusion des travailleuse·eur·s à domicile dans les statistiques sur les forces de travail.
Dans le monde entier, des organisations de travailleuse·eur·s à domicile mènent des actions pour que leurs gouvernements ratifient et appliquent la C177. Cependant, près de 20 ans après son adoption, seuls 10 pays l’ont ratifiée. Toutefois, certains pays ont adopté une législation nationale pour protéger les travailleuse·eur·s à domicile. Les réseaux régionaux et mondiaux d’organisations de travailleuse·eur·s à domicile et leurs affiliées poursuivent leur lutte pour un travail décent.
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Adopté en 2017, le Guide OCDE sur le devoir de diligence applicable aux chaînes d’approvisionnement responsables dans le secteur de l’habillement et de la chaussure offre un cadre de référence pour aider les entreprises à identifier et prévenir
les atteintes aux droits humains, les abus liés aux conditions de travail, les risques environnementaux, ainsi que les problèmes d’intégrité dans leurs opérations et chaînes d’approvisionnement. Élaboré en concertation avec des entreprises, des syndicats et la société civile, ce guide fournit des orientations pour gérer les risques spécifiques du secteur de l’habillement et de la chaussure, avec un module indépendant dédié aux travailleuse·eur·s non salarié·e·s dépendant·e·s à domicile. Ce module, destiné aux marques, acheteurs et fabricants, détaille les mesures pour protéger les droits de ces travailleuse·eur·s, en soulignant qu’elles·ils font pleinement partie de la chaîne d’approvisionnement, qu’elles·ils doivent être traité·e·s équitablement par rapport aux ouvrier·ère·s d’usine et qu’elles·ils ont le droit de se syndiquer comme tout autre travailleuse·eur.
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Plusieurs pays ont mis en place des lois et politiques nationales visant à reconnaître et protéger les travailleuse·eur·s non salarié·e·s dépendant·e·s à domicile. HomeNet Thaïlande, avec le soutien de WIEGO et d’autres partenaires, a mené une campagne de plus de dix ans pour une législation fondée sur la Convention 177. En 2011, la Loi sur la protection des travailleuse·eur·s non-salarié·e·s dépendant·e·s à domicile B.E. 2553, ainsi qu’une politique de protection sociale, sont entrées en vigueur. Cette loi impose, entre autres, le versement de salaires équitables –incluant l’égalité salariale entre hommes et femmes accomplissant le même travail– aux travailleuse·eur·s à domicile effectuant une mission pour des entreprises industrielles.
Au Pakistan, les travailleuse·eur·s à domicile ont milité pendant près de vingt ans pour une législation protectrice. La loi de 2018 sur les travailleuse·eur·s à domicile du Sindh est le premier texte législatif en Asie du Sud spécifiquement dédié à cette catégorie de travailleuse·eur·s. Elle consacre leur droit à se syndiquer et à négocier collectivement, et leur assure une protection sociale ainsi qu’un accès à des mécanismes de résolution des conflits.
En Australie, par suite d’une campagne de plusieurs décennies visant à améliorer les conditions des travailleuse·eur·s à domicile dans les secteurs textile, de l’habillement et de la chaussure, le gouvernement a adopté en 2012 la Loi d’amendement sur le travail équitable (dans l’industrie du textile, de l’habillement et de la chaussure).
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L’Association des femmes indépendantes d’Inde (SEWA) a amélioré la situation des travailleuse·eur·s à domicile en les représentant au sein de conseils tripartites, aux côtés de représentant·e·s du gouvernement et d’employeurs. Depuis quarante ans, ce travail de plaidoyer a permis d’intégrer divers groupes de travailleuse·eur·s à domicile, tels que les couseuses-piqueuses, rouleuses de bidi (cigarettes) et travailleuses d’agarbatti (encens), dans les annexes de la loi sur les salaires minimums, augmentant ainsi leurs revenus. Des lois comme celle sur le fonds de bien-être social pour le secteur des bidi et cigares, adoptée dans les années 1980, ont également introduit des mesures de sécurité sociale, notamment des services de santé, de garde d’enfants et de logement pour les travailleuse·eur·s à domicile.
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Les travailleuse·eur·s à domicile ont besoin de logements adaptés, d’infrastructures adéquates et d’une meilleure visibilité dans les politiques locales. À Delhi, WIEGO a cartographié le travail à domicile pour éclairer les stratégies d’urbanisme et de planification. Cette initiative vise à identifier, documenter et accompagner les initiatives propices aux moyens de subsistance des travailleuse·eur·s à domicile parmi les réglementations urbaines, la conception des logements et des établissements et la planification urbaine. Elle cherche également à inspirer des pratiques inclusives auprès des urbanistes et des architectes. Parallèlement au Social Design Collaborative, la cartographie donne un aperçu des typologies d’habitat, de la densité du bâti et de l’emplacement des fournisseuse·eur·s et des acheteuse·eur·s les plus proches des travailleuse·eur·s à domicile.
Les organisations de travailleuse·eur·s ont également beaucoup à nous apprendre : La fiducie de logement Mahila Housing Trust œuvre à l’amélioration de la qualité des habitats dans les quartiers de l’informel dans des villes indiennes grâce à sa stratégie à plusieurs volets visant à améliorer l’environnement physique, à intégrer les besoins des travailleuse·eur·s à domicile dans les plans et politiques de la ville, et à promouvoir l’efficacité énergétique et la résilience climatique.
Organisation et voix
Lancé en 2021, HomeNet International est un réseau mondial regroupant des organisations de travailleuse·eur·s à domicile. Son apparition marque une avancée majeure pour la visibilité et la représentation de ces travailleuse·eur·s à l’échelle mondiale. HNI représente plus de 1,2 million de travailleuse·eur·s à domicile, membres de 75 organisations réparties dans 33 pays.
Organiser les travailleuse·eur·s à domicile est un défi, car elles·ils travaillent souvent de manière isolée. Malgré cela, des réseaux nationaux et régionaux, comme HomeNet de l’Asie du Sud, HomeNet de l’Asie du Sud-Est et bien plus encore ont vu le jour. Lorsque ces travailleuse·eur·s se rassemblent et parlent d’une seule voix, leur pouvoir de négociation s’accroît. Certain·e·s créent même des coopératives pour collectiviser leurs activités économiques.
Les principales revendications des travailleuse·eur·s à domicile concernent l’accès à la protection sociale et à des services de garde d’enfants, la sécurité de leur logement, l’accès à des services d’eau et d’électricité abordables pour soutenir leurs activités, un urbanisme inclusif avec des zones à usage mixte, ainsi qu’un environnement de travail sûr. Pour les travailleuse·eur·s non salarié·e·s dépendant·e·s à domicile dans les chaînes d’approvisionnement, les priorités incluent également des commandes régulières et des tarifs équitables, ainsi qu’une responsabilité accrue des marques finales quant aux conditions de travail tout au long de la chaîne. Quant aux travailleuse·eur·s à domicile indépendant·e·s, elles·ils souhaitent aussi un meilleur accès aux marchés et des prix justes pour leurs produits.
Autres groupes de travailleuse·eur·s
Travailleuse·eur·s de l’industrie du vêtement
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