Compter les travailleuse·eur·s de l’informel du monde entier : éléments clefs

Chiffres à l’échelle mondiale

Les premières estimations mondiales d’emploi informel, publiées par l’OIT en 2018, ont été basées sur des enquêtes officielles, et elles ont révélé que 61 % des travailleuse·eur·s à l’échelle mondiale étaient employé·e·s de manière informelle. De nouvelles estimations sont préparées au fur et à mesure que l’OIT reçoit des données actualisées et supplémentaires des pays. Selon une mise à jour faite en 2023, qui a exploité des données recueillies surtout en 2019, ce chiffre de travailleuse·eur·s est passé à 58 % de l’emploi total, soit environ deux milliards de personnes, confirmant que l’emploi informel reste la principale source de travail dans le monde.

Répartition par sexe et par catégorie de pays par niveau de revenu

Les estimations d’emploi informel en fonction du revenu des pays (ci-dessous) montrent une corrélation entre des niveaux faibles du PIB et une proportion élevée d’emploi informel.

À l’échelle mondiale, l’emploi informel constitue une source d’emploi plus importante pour les hommes (60 %) que pour les femmes (55 %), et cette tendance se vérifie dans toutes les catégories de pays, à l’exception de ceux à revenu élevé. Ce déséquilibre est en partie attribuable à un taux relativement faible d’emploi informel chez les femmes dans plusieurs pays à forte population, tels que la Chine et la Russie, dont les données influencent significativement les moyennes mondiales et celles des catégories par niveau de revenu. Cependant, le rapport Femmes et hommes dans l’économie informelle souligne qu’au sein de 56 % des pays –en particulier ceux à faible revenu ou à revenu intermédiaire de la tranche inférieure– la part de l’emploi informel total occupée par les femmes dépasse celle des hommes.

L’emploi en milieu urbain et rural

À l’échelle mondiale, l’emploi rural est largement dominé par l’informalité dans toutes les catégories de pays par niveau de revenu, à l’exception des pays à revenu élevé. En milieu urbain, la situation est plus contrastée : moins de la moitié des emplois sont informels au niveau mondial. Toutefois, dans les pays à faible revenu et ceux à revenu intermédiaire inférieur, l’emploi informel reste prédominant, représentant environ trois quarts de l’emploi urbain.

Répartition par situation de l’emploi

À l’échelle mondiale, près de 47 % des travailleuse·eur·s de l’informel sont des travailleuse·eur·s pour compte-propre, ce qui en fait la catégorie dominante parmi les travailleuse·eur·s de l’informel. Elles·Ils sont suivi·e·s par les salarié·e·s, qui constituent 35 % de l’emploi informel, puis par les travailleuse·eur·s familiales·aux collaborant à l’entreprise (16 %). Les employeuse·eur·s, quant à elles·eux, représentent moins de 3 %.

Répartition par région géographique

Des variations intéressantes se manifestent dans la taille et la répartition de la population active de l’informel selon les régions du monde. La région Asie-Pacifique abrite la majorité de la population active de l’informel de la planète, représentant 65 % de l’ensemble des travailleuse·eur·s de l’informel. Cependant, en proportion, cette région compte un taux relativement plus modéré d’informalité (66 %) par rapport à l’Afrique, où 84 % de l’ensemble des travailleuse·eur·s occupent un emploi informel.

Répartition par pays et par ville

Les défenseuse·eur·s et décideuse·eur·s collaborant avec WIEGO ont besoin de données précises sur les travailleuse·eur·s de l’informel afin d’appuyer efficacement leurs revendications. Toutefois, au niveau urbain, où les politiques, réglementations et schémas ont un impact direct sur ces travailleuse·eur·s, de telles données font défaut. WIEGO répond désormais à ce besoin en produisant une série de notes statistiques détaillées sur les travailleuse·eur·s de l’informel.

Données supplémentaires sur l’Inde

En Inde, les résultats de l’enquête périodique sur les forces de travail (EFT) de 2017-2018 ont révélé une nette diminution des taux d’emploi des femmes par rapport à 2011-2012. Cependant, cette enquête introduisait des modifications significatives dans sa conception et ses opérations, différant des approches utilisées lors des enquêtes précédentes. Afin d’évaluer l’impact de ces changements sur la mesure des taux d’emploi des femmes, WIEGO a mandaté le Dr Govindan Raveendran pour réaliser une analyse historique des méthodes et pratiques des enquêtes sur les forces de travail en Inde, avec un accent particulier sur les méthodes susceptibles d’influencer les données concernant l’emploi des femmes. (Consultez « Mesure du travail et de l’emploi en Inde : cadre conceptuel et procédural »). Par ailleurs, le Dr Raveendran a actualisé les tableaux statistiques pour 2017-2018 en y intégrant les données issues de l’EFT de 2018-2019.

Notre programme de Statistiques

Le programme de Statistiques collabore avec des statisticien·ne·s pour améliorer les méthodes statistiques qui rendront visibles l’ampleur et l’importance tant de l’économie informelle que de la situation de celles et ceux qu’elle emploie. Ces données sont diffusées dans des formats accessibles.

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