Chères et chers collègues et ami·e·s de WIEGO,

Bonne année à toutes et à tous. Alors que nous réfléchissons à l’année 2020, j’espère que les défis sans précédent de cette année ont été accompagnés de moments capables d’apporter un peu de réconfort et d’espoir pour un avenir plus juste et plus pacifique.

Les luttes de l’année écoulée, notre 23e en tant que réseau WIEGO, ont dépassé tout ce que nous pouvions imaginer : dans les semaines qui ont suivi le début de la crise, les travailleuse·eur·s à domicile des chaînes d’approvisionnement mondiales ont rapporté des annulations de commandes, les récupératrice·eur·s de matériaux ont vu la chute des prix des produits recyclables, les travailleuses domestiques n’étaient plus les bienvenues dans les maisons où elles travaillaient et les vendeuse·eur·s de rue ont constaté que l’isolement social obligatoire ne leur donnait d’autre choix que de rester à la maison. Tant de travailleuse·eur·s dans le monde ont souffert à cause des journées de travail perdues, des revenus perdus et de la menace d’un virus qui a frappé les travailleuse·eur·s les plus vulnérables du monde plus durement que quiconque.

Pourtant, l’année dernière, plus que jamais, nous a montré la force de notre interconnexion. Représentant plus de 2,1 millions de travailleuse·eur·s dans le monde, la Fédération Internationale des Travailleurs Domestiques, StreetNet International, HomeNet de l’Asie du Sud, HomeNet de l’Asie du Sud-Est, HomeNet de l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, et l’Alliance mondiale des récupératrice·eur·s, en tant que membres du réseau WIEGO, ont demandé ensemble aux décideuse·eur·s politiques de s’associer pour mener des actions d’aide d’urgence, de rétablissement et de résilience. Ces réseaux et leurs groupes affiliés se sont mobilisés instantanément pour soutenir les travailleuse·eur·s par le biais de dons alimentaires, de moyens de subsistance alternatifs et de dons financiers lorsque les gouvernements ne faisaient pas assez.

Les leaders des organisations de base des travailleuse·eur·s de l’informel ont signalé que les personnes travailleuses étaient la cible de campagnes de désinformation sur le virus et qu’elles avaient un besoin urgent d’informations claires, appropriées et spécifiques à leur profession. En quelques semaines, avec nos membres et partenaires, nous avons développé des ressources faciles à partager par Whatsapp pour les récupératrice·eur·s de matériaux, les vendeuse·eur·s de rue et les travailleuses domestiques. Des sites de financement collectif  en ligne ont été mis en place et des ressources de plaidoyer pour les travailleuses domestiques, les travailleuse·eur·s à domicile, les vendeuse·eur·s de rue et les récupératrice·eur·s de matériaux ont été créées et largement diffusées.

Pour soutenir davantage les efforts de plaidoyer de nos membres, nous avons partagé nos connaissances sur les approches de la protection sociale pendant la crise, les changements du contexte juridique dus à la COVID-19, et les réussites des politiques urbaines qui pourraient soutenir les travailleuse·eur·s de l’informel dans le contexte de la pandémie. La reconnaissance de la portée de l’emploi informel, en particulier avec les récentes avancées dans les statistiques officielles, a été essentielle pour concrétiser des avancées politiques pendant la crise.

Pour finir, au début de la crise, nous avons effectué une évaluation rapide avec nos partenaires afin de comprendre comment la COVID-19 et les mesures de santé publique qui s’y rattachent affectaient les travailleuse·eur·s de l’informel en Afrique, en Asie et en Amérique latine.  Sur cette base, WIEGO a lancé l’étude sur la crise de la COVID-19 et l’économie informelle, qui se poursuivra en 2021, pour nous aider à analyser les multiples voies par lesquelles la pandémie affecte les travailleuse·eur·s de l’informel dans les villes et les groupes de travailleuse·eur·s.

À l’aube de 2021, la plupart des travailleuse·eur·s ne gagnent toujours pas autant d’argent qu’avant la pandémie. Cette année sera une occasion pour réfléchir à la concentration excessive de la richesse et du pouvoir dans de nombreux pays, d’autant plus que la reprise économique est lente et que la pandémie perdure. Pour transformer les systèmes qui sont à l’origine de cette injustice et des niveaux croissants d’inégalité, les travailleuse·eur·s de l’informel doivent se faire voir et entendre à tous les niveaux.

Notre force réside dans l’unité. Continuons à construire sur cette base en 2021.

En toute solidarité,

Sally Roever
Coordinatrice internationale