Le syndicat KKPKP lutte pour les droits des récupératrice·eur·s

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Aditya Vyas, Treasurer for the Kagad Kach Patra Kashtakari Panchayat (KKPKP)
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WIEGO

Dans cette interview, Aditya Vyas, porte-parole du Kagad Kach Patra Kashtakari Panchayat (KKPKP), raconte les victoires des récupératrice·eur·s de matériaux à Pune et l’impact du traité mondial sur le plastique sur le secteur.


En 1972, une famine dans l’État du Maharashtra, en Inde, a provoqué un exode rural massif vers la ville de Pune, en particulier des femmes appartenant aux castes les plus basses de la hiérarchie sociale indienne. En raison de leur caste, ces femmes n’avaient pas le droit d’exercer d’autres activités que de ramasser les ordures sur la route.

De 1990 à 1993, des militant·e·s de centrales syndicales sont allé·e·s à la rencontre des récupératrice·eur·s de matériaux dans des implantations informelles pour tenter de comprendre leurs revendications, à savoir la reconnaissance et la visibilité. En 1993, plus de 800 récupératrice·eur·s de matériaux ont participé à la première convention du KKPKP à Pune. En 1998, Pune est devenue la première ville indienne à accorder des cartes d’identité aux récupératrice·eur·s, mettant ainsi un terme au harcèlement policier. Le KKPKP a utilisé des moyens créatifs pour sa campagne, par exemple en épinglant des rubans aux poubelles ou aux portails de la ville qui disaient : « Nous sommes vos sœurs, nous préservons la santé de la ville ». Cette victoire a inspiré d’autres organisations et a été ainsi reproduite dans plusieurs villes. « Les gens ont commencé à percevoir les récupératrice·eur·s de matériaux comme des contributrice·eur·s à l’environnement et à la société, notamment parce que leurs enfants allaient à l’école au lieu de les accompagner dans les rues », explique Vyas.

En 2005, KKPKP a négocié un partenariat avec la municipalité de Pune et, deux ans plus tard, a fondé SWaCH : une coopérative de récupératrice·eur·s de matériaux qui assure à ce jour un service innovant et révolutionnaire de collecte des déchets en porte-à-porte dans la ville. Aujourd’hui, SWaCH compte environ 3 700 récupératrice·eur·s (dont 70 % de femmes) et le contrat quinquennal a été renouvelé deux fois.

« WIEGO a joué un rôle crucial en recueillant des données granulaires et en facilitant la réalisation d’études importantes, qui ont par la suite permis aux décideuse·eur·s de mettre en œuvre des changements dans l’action publique », a déclaré M. Vyas. WIEGO a également aidé le KKPKP à gagner en visibilité en fournissant un soutien logistique pour que les récupératrice·eur·s de matériaux du KKPKP puissent s’exprimer lors de diverses conférences à travers le monde. « Le KKPKP a été l’un des premiers membres institutionnels de WIEGO et a tenu le premier secrétariat de l’Alliance des récupératrice·eur·s de matériaux indien·ne·s », a-t-il ajouté. « Aujourd’hui, WIEGO soutient la formation d’une alliance internationale de récupératrice·eur·s à travers le monde et nous y jouons un rôle actif. »

En 2015, les récupératrice·eur·s de matériaux du KKPKP ont également réussi à négocier des bourses d’études pour leurs enfants avec la municipalité et le gouvernement de l’État, afin de leur garantir la possibilité d’un avenir professionnel différent.

« Le secteur de la collecte des déchets a éprouvé d’importants changements au cours des 30 dernières années : les récupératrice·eur·s de matériaux ne se contentent plus de recycler les déchets, elles·ils les traitent aussi », bien que cette activité soit à présent menacée par la Responsabilité élargie des producteurs (REP) ou par le traité mondial sur les plastiques : « De nombreuses entreprises privées ont commencé à s’intéresser à ce secteur, donnant une impression illusoire de solutions technologiques. Mais nous aimerions que toutes ces technologies polluantes soient éliminées du secteur et que les récupératrice·eur·s de matériaux soient inclu⸱e⸱s dans l’élaboration des politiques ».

En conclusion, M. Vyas est convaincu de la nécessité d’une transition plus douce et plus juste dans le secteur de la gestion des déchets : « Les entreprises devraient être davantage responsabilisées, car elles ont produit du plastique et en ont profité à la charge de nombreux villages ruraux et dans les villes. Il serait injuste d’attendre que les récupératrice·eur·s de matériaux endurent les conséquences de la privatisation ».


Photo principale : Aditya Vyas, trésorier du Kagad Kach Patra Kashtakari Panchayat (KKPKP).
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