Étant donné que leur travail les oblige à se rendre au domicile d’autrui –souvent à plusieurs domiciles– et à entrer en contact étroit avec des personnes et des objets susceptibles d’être porteurs du virus, les travailleuses domestiques sont en première ligne dans cette pandémie et sont exposées à des risques.
Pour illustrer ce risque, une travailleuse domestique de 63 ans à Rio de Janeiro a été le premier décès lié au COVID-19 du Brésil, après avoir attrapé le virus d’un client qui revenait d’Italie.
Depuis le début de la pandémie mondiale, les travailleuses domestiques de toutes les régions du monde ont signalé de multiples problèmes. Les travailleuses logées chez leur employeur ont reçu l’ordre de travailler davantage pour maintenir la maison de leur employeur encore plus propre ; certaines ont été empêchées de quitter la maison du tout.
Bon nombre de celles qui continuent à travailler ont également reçu l’ordre d’augmenter leur charge de travail, sans rémunération supplémentaire. Ou leurs heures ont été annulées sans compensation. En raison des préjugés socio-économiques et de leur stigmatisation, plusieurs travailleuses domestiques sont traitées comme des vecteurs de la maladie.
La Fédération internationale des travailleuses domestiques a exigé des congés maladie payés et une indemnisation adéquate en cas de licenciement dans sa Déclaration sur la protection des droits des travailleuses domestiques et la lutte contre la pandémie de coronavirus [ in English | en español ]
La plupart des travailleuses domestiques ne peuvent cesser de travailler sans perdre le revenu essentiel dont elles et leurs familles ont besoin pour survivre.
Ressources sur la sécurité pour les travailleuses domestiques et leurs employeurs : Combattre la COVID-19 ensemble
Interventions pour les travailleuses domestiques
En Afrique du Sud, les syndicats ont plaidé pour les travailleuses domestiques et collecté des fonds pour apporter un soutien à celles qui se trouvent dans des situations critiques. « Les employeurs peuvent toujours permettre à leurs travailleuses de venir travailler, mais ils doivent acheter les éléments nécessaires à leur protection. Comme des gants, des masques, des désinfectants, a déclaré Eunice Dhladhla, secrétaire générale adjointe du Syndicat sud-africain des services domestiques et des travailleuse·eur·s associé·e·s (SADSAWU). La présidente de l’Union des travailleuses domestiques d’Afrique du Sud (UDWOSA), Pinky Mashiane, a déclaré : « Si les employeurs demandent à leurs travailleuses domestiques de rester à la maison, elles doivent toujours être payées pour cela. »
Un porte-parole du ministère du Travail, Teboho Thejane, a été d’accord, notant que les travailleuses domestiques sont couvertes par la Loi sur les relations de travail et autres. Lisez l’article complet dans le Times Live
Au Mexique cet article de CBC examine comment les impacts sanitaires et économiques pourraient ruiner les travailleuse·eur·s de l’informel. Sofia Trevino de WIEGO y est citée : « Je suis en discussion constante avec les différents groupes de travailleuse·eur·s de l’informel. Les travailleuses domestiques représentent 2,2 millions de femmes au Mexique. La plupart d’entre elles sont renvoyées sans compensation. »
Argentine (en español) : La vice-présidente de la FITD, Carmen Britez, de l’UPACP, a organisé un webinaire avec les autorités publiques et les organisations de la société civile : Las Desigualdades de Generos y Cuidados ante la Pandemia [Inégalités de genre et de soins dans la pandémie] Regardez-le sur Youtube
République dominicaine (en español) : Une lettre de trois organisations affiliées à la FITD (ATH, FENAMUTRA, SINTRADOMES) à Danilo Medina, président de la République dominicaine, demandant l’inclusion et la reconnaissance du secteur des travailleuses domestiques dans les programmes d’aide d’urgence.
Margarita Cedeño, vice-présidente de la République dominicaine s’engage à trouver une solution pour les travailleuses domestiques non protégées pendant la pandémie : « Margarita se compromete a buscar solución a trabajadoras domésticas desprotegidas ante la crisis. »
Entretien vidéo avec Ruth Diaz, secrétaire générale de la FENAMUTRA
Guinée : Une interview du 1er mai avec Asamou Bah, membre de l’ExCo de la FITD en Guinée et secrétaire général du Syndicat National des Employés de Maison de Guinée (SYNEM-GUINEE) : Fête du 1er mai : l'appel de Mme Doukouré Asmaou Bah en faveur des employé·e·s de maison et des hôtels
Au Brésil (em português) : la Fédération nationale des travailleuses domestiques (FENETRAD) et Themis (Genre, Justice et Droits humains) ont lancé une campagne pour que les travailleuses domestiques (em português) soient suspendues avec rémunération tant que le risque d’infection persiste, ou qu’elles reçoivent les outils de protection contre le risque, notamment des masques et du gel désinfectant pour les mains.
Décret gouvernemental : L’annexe I dresse les activités essentielles ; les services domestiques figurent sous le numéro 58. Les travailleuses ont expliqué qu’avant la quarantaine, le travail domestique n’était pas valorisé ni reconnu comme essentiel.
La FENAMUTRA a répondu au décret gouvernemental n° 729 par une note : « Prenez soin de celles qui prennent soin de vous ! Protégez vos travailleuses domestiques ! » Lisez la note de FENATRAD et un article de presse connexe.
Aux États-Unis, l’Alliance nationale des travailleuses domestiques (NDWA) a lancé un fonds de lutte contre le coronavirus : un fonds d’aide d’urgence pour les travailleuses domestiques en difficulté à la suite de la pandémie du coronavirus. L’objectif du fonds est de collecter 4 millions de dollars américains pour soutenir 10 000 travailleuses.
Le virus démontre à quel point les travailleuses domestiques ont besoin de protections, comme tout le monde. Les nounous, les femmes de ménage et les autres travailleuses domestiques n’ont pas droit à des indemnités de licenciement, à des congés de maladie payés, à une assurance maladie et chômage ou à d’autres prestations qui nous aideraient à survivre à cette pandémie.
Lisez « J’ai été renvoyée à cause du coronavirus » dans le New York Times
Ai-jen Poo, fondatrice de l’Alliance nationale des travailleuses domestiques, a écrit un article pour le New York Times. « Protéger les personnes qui donnent des soins du coronavirus : Les travailleuses qui sont restées dans l’ombre pourraient être essentielles pour enrayer la propagation du virus »
La NDWA a également mis en place des ressources pour ses membres afin de les aider à surmonter les risques.
Article sur la façon dont la COVID-19 affecte les travailleuses domestiques américaine
À Pune, en Inde, où des cas de coronavirus ont été signalés, les citoyen·ne·s ont commencé à former les travailleuses domestiques et d’autres personnes sur la façon de réduire le risque de contracter ou de propager cette maladie.
Pays-Bas : Le syndicat néerlandais FNV aide ses membres qui sont des travailleuses domestiques migrantes à plaider auprès de leurs employeurs pour la poursuite de leur travail ou le maintien de leur rémunération lorsque le ménage ne veut pas que la travailleuse domestique continue à s’acquitter de ses tâches. Lorsque les travailleuses domestiques, et en particulier les migrantes, perdent leurs revenus quotidiens, elles connaissent rapidement des difficultés financières.
Un groupe a proposé la création d’un fonds d’urgence auquel les client·e·s et les tiers peuvent transférer des fonds de soutien. Les fonds peuvent alors être divisés et remis aux personnes qui ont perdu leurs revenus.
Ce groupe a également donné des instructions sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail, en particulier le maintien de la distance sociale et des procédures d’hygiène renforcées.
Un modèle de lettre a été fourni aux membres de la FNV pour qu’elles l’utilisent avec leurs client·e·s. La lettre demande que la travailleuse domestique soit autorisée à continuer de fournir ses services. Si le client suspend les services, la lettre demande qu’il prenne au sérieux ses obligations contractuelles et continue à payer au moins 70 % du salaire habituel. Si la travailleuse domestique le souhaite, elle peut diriger les client·e·s vers la direction du syndicat FNV, qui informera le client sur les droits des travailleuses domestiques conformément à la Charte sociale européenne sur les droits fondamentaux du travail.
Au Pérou, les travailleuses domestiques demandent aux employeurs de leur fournir des contrats écrits, de sorte que pendant le couvre-feu imposé actuellement, elles puissent disposer d’un contrat leur permettant de se déplacer vers leur lieu de travail.